Centre Européen de recherche sur le Risque, le Droit des Accidents Collectifs et des Catastrophes (UR n°3992)

Non classé

EDITO : DRAMES, TRAGEDIES ET MALHEURS D’ETE, C. Lienhard

Claude Lienhard

Avocat spécialisé en droit du dommage corporel

Professeur émérite des Universités

Directeur honoraire du CERDACC

 

En Grèce

L’été 2018 aura été malheureusement extraordinairement dramatique.

Le bilan des incendies qui ont ravagé la Grèce fin juillet est un désastre.

La côte, toute proche d’Athènes, a été ravagée le 23 juillet 2018 et des coins de paradis ont été plongés dans l’enfer des flammes.

Alors que le thermomètre montait à 38° et que les vents soufflaient à 124 km/h la côte s’est embrasée.

Des dizaines de morts.

Un bilan qui ne cessait de s’alourdir.

Un deuil national.

Bien vite la polémique sur les causes de la tragédie, sur les responsabilités politiques évidentes.

L’impéritie et les carences des secours.

L’absence d’ordre d’évacuation des populations et, en effet miroir, la dénonciation des conséquences des politiques d’austérité.

15% des 1750 camions des pompiers auraient été hors fonction parce qu’ils ont des problèmes chroniques et sont obsolètes.

En Italie

Le 14 août 2018 à Gênes dans le nord de l’Italie l’effondrement partiel du pont autoroutier, le pont Morandi, vient frapper l’Italie au cœur.

Autre désastre, autres  causes mais mêmes conséquences dramatiques.

Le climat politique italien, comme le climat grec, renvoie à la mise en cause de l’Etat : « c’est l’Etat qui a provoqué cela » « ils savaient mais n’ont rien fait ».

Là encore crise politique, questionnement sur l’entretien et la conception des infrastructures.

Très clairement il est soutenu, affirmé et il sera sans doute démontré que la défaillance n’est pas seulement structurelle mais qu’elle est aussi morale et politique.

Les dérangeantes photos de Matteo Salvini faisant la fête après la tragédie de Gênes témoignent d’une attitude sans respect et sans dignité.

Le cocktail était mortel : mauvaise conception, usure du béton, vulnérabilité au vent.

La suite se joue désormais sur la scène pénale.

A juste titre la démarche indemnitaire d’Autostrade qui a créé un fonds d’aide aux victimes, ce qui était la moindre des choses, sera scrutée avec attention.

De tout cela le JAC rendra compte dans le cadre de son approche européenne des situations de risque et de crise et de leurs suites avec prochainement l’interview du Professeur Donato Castronuovo.

Ailleurs

 Un an après IRMA, c’est l’ouragan FLORENCE qui dévaste la Caroline du Nord alors que les blessures d’IRMA sont toujours visibles et la souffrance psychologique très importante.

Dans son numéro du 7 septembre 2018 l’argus de l’assurance nous apprend ou nous rappelle que désormais les cat bonds deviennent incontournables.

Ces instruments financiers relèvent des Insurance Linked Securities (ILS) qui constituent une forme de réassurance alternative.

Le marché est en plein essor.

Ces obligations catastrophes, complément utile à la réassurance traditionnelle, permettent aux cédantes d’accéder à davantage de capacité et aux réassureurs de protéger leur capital en cas d’événements de grande ampleur.

Traduction assurantielle des conséquences de HARVE, d’IRMA et de MARIA.

Il n’y a pas de petite catastrophe.

Ici, chez nous

La mort de 5 canyonistes dont une fillette de 7 ans dans un canyon en Corse au mois d’août est aussi une tragédie.

Là encore, il faut comprendre.

L’enquête pénale est en cours.

Les gendarmes veulent comprendre pourquoi le guide et les quatre autres victimes ont continué la descente dans le canyon alors que la météo était très mauvaise.

La question de la responsabilité du guide mort dans le drame est essentielle.