BRÈVES, N. Arbousset

Nathalie ARBOUSSET

Ingénieur d’études au CERDACC

 

  • Tous responsables : un guide pour mieux faire face aux risques

Le gouvernement français a mis en ligne, jeudi 20 novembre 2025, le premier guide destiné au grand public, intitulé « Tous responsables »A LIRE ICI . Conçu pour sensibiliser et préparer la population à réagir face à diverses situations d’urgence, ce manuel aborde les crises majeures, qu’elles soient d’origine naturelle (inondations, incendies, séismes), sanitaire (pandémie), énergétique, industrielle, commerciale, sans oublier la possibilité d’un conflit armé.

Le guide s’articule autour de trois grandes parties : « Bien préparés », « Bien protégés » et « Tous engagés ». Il recommande aux citoyens de constituer un kit d’urgence à portée de main, offrant à chacun une autonomie de 72 heures en conditions difficiles, comprenant, par exemple, à boire et à manger, des vêtements chauds, une radio à piles pour s’informer, des documents administratifs essentiels.

Le manuel suggère aussi des comportements à adopter en cas de crise, tels que rester à l’abri, éviter d’utiliser son véhicule dans le cas d’inondations, demeurer dans son logement, couper la ventilation ou prendre de l’iode après ordre préfectoral lors d’un accident nucléaire. Un signal d’alerte sonore spécifique, accompagné de notifications sur smartphone, préviendra la population en cas d’événement grave.

Le guide aborde également les risques des cyberattaques en insistant sur l’importance de maintenir une bonne hygiène informatique, notamment à travers les mises à jour régulières et le renforcement des mots de passe. Il rappelle que dans un contexte d’engagement militaire important, la France pourrait être la cible de désinformations visant à fragiliser la cohésion nationale.

Enfin, « Tous responsables » encourage les citoyens à s’impliquer via les réserves citoyennes, en répertoriant les différents services où s’engager. Le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a fixé un objectif ambitieux de doubler le nombre de réservistes d’ici 2035, avec un réserviste pour deux militaires en activité.

  • Les systèmes d’alerte et de communication à la population en situation de crise

Les systèmes d’alerte et de communication à destination de la population en situation de crise représentent des outils indispensables, mais la culture du risque doit encore être renforcée. Face à la recrudescence des risques naturels, industriels et technologiques, les autorités disposent aujourd’hui de dispositifs d’alerte de plus en plus sophistiqués, à l’image de FR-Alert, un système lancé en 2022 qui informe en temps réel, par notifications sur téléphone mobile, les personnes présentes dans une zone de danger.

Cependant, selon un rapport de la Cour des comptes du 14 novembre 2025 (A LIRE ICI), plusieurs défis persistent : bien que les outils de vigilance tels que Météo-France ou Vigicrues soient solides, la prise de conscience du risque reste insuffisante. Seulement 55% des communes concernées ont élaboré un plan communal de sauvegarde.

La modernisation du réseau des sirènes, qui compte plus de 2 000 dispositifs,  doit être accélérée même s’il doit rester un moyen d’information secondaire. En complément de ces sirènes, les autorités ont, conformément à l’approche « multicanale » en vigueur en France, développé d’autres outils. Jusqu’en 2022, faute d’un système d’alerte mobile performant, la communication passait majoritairement par les médias, les réseaux sociaux et des automates d’appel afin de toucher le plus largement possible la population, selon son lieu de résidence et son exposition aux risques. Cependant, ces moyens traditionnels ne correspondaient plus aux habitudes de la population, ce qui limitait l’efficacité du système. Le lancement de l’application mobile SAIP traduisait une volonté d’intégrer la téléphonie mobile comme moyen d’alerte, mais son développement précipité à partir d’un produit inadapté a conduit à son échec.

En revanche, depuis sa mise en service, le dispositif FR-Alert s’est révélé, selon le rapport, un outil efficace, utilisé 66 fois en situation réelle et 287 fois lors d’exercices jusqu’en juin 2025. Pour la Cour des comptes, cet outil a considérablement renforcé la capacité des autorités à prévenir efficacement la population et à lui indiquer les consignes de sécurité. Néanmoins, il reste encore peu connu du grand public, et son déploiement rencontre parfois des retards, surtout dans les territoires ultramarins.

Face à ces enjeux, le rapport recommande de renforcer la communication et la professionnalisation des services préfectoraux. L’État a d’ores et déjà pris conscience de l’importance capitale de la communication de crise, que ce soit auprès des médias ou du public, afin d’alerter rapidement, de faire passer les consignes de sauvegarde et d’informer sur les actions en cours. La lutte contre la désinformation reste un défi important.

Pour améliorer la résilience collective, il est crucial de renforcer la préparation des citoyens en développant une véritable culture du risque. Cette démarche vise à les sensibiliser  aux comportements adaptés face aux différentes menaces et à encourager leur engagement dans des dispositifs locaux de gestion des crises.