Centre Européen de recherche sur le Risque, le Droit des Accidents Collectifs et des Catastrophes (UR n°3992)

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DOMICILE. LA MALTRAITANCE. ENTRE MECONNAISSANCE ET INVISIBILITE, ASH, Hors série, n°18, juin 2022

Lu pour vous

Par Isabelle Corpart

Domicile. La maltraitance. Entre méconnaissance et invisibilité

Actualités sociales hebdomadaires, Hors-Série n° 18, juin 2022

Mots-clés : risque – maltraitance – domicile – personnes âgées vulnérables.

La maltraitance à domicile fait partie des grands dangers de la vie. Si la maison est souvent un lieu sécurisant, beaucoup de violences sont repérées aujourd’hui dans ce huis clos, qu’il s’agisse d’un lieu privé ou non, comme par exemple des EHPAD.

La revue ASH a réuni de nombreux auteurs, juristes, psychiatres, psychologues, cadres de santé et autres, pour faire un état des lieux des maltraitances et montrer qu’elles sont encore souvent méconnues car nul n’en a parfois connaissance et parce qu’elles sont difficilement repérables si elles surviennent au domicile des victimes. La loi du silence y règne en maître et il est important de mettre l’accent sur de tels drames qui visent des personnes de tout âge, qu’elles vivent en couple, soient mineures ou séniors, parfois placées en maison de retraite et surtout qui se répètent quotidiennement.

Les auteurs abordent ce thème en rappelant les règles juridiques et morales et en tentant de faire avancer les choses pour mieux soutenir les victimes et pour permettre que le domicile soit idéalisé afin que chacun puisse être content de vivre chez soi.

À lire cette revue, on comprend bien que les maltraitances visent différentes personnes, y compris des personnes aidées. Pour elles, cela ne concerne pas seulement des violences physiques ou psychologiques mais aussi les relations de subordination, d’assujettissement, d’asservissement de la personne aidée.

Les violences conjugales et familiales font l’objet de nombreux travaux actuellement et les lois se succèdent pour améliorer la protection des personnes mais il est intéressant de mettre aussi l’accent sur le domicile afin de faire progresser la prévention en la matière.

Le travail des professionnels est délicat car, d’une part, les victimes de maltraitance ne se font pas toujours connaître et car, d’autre part, il est difficile de pénétrer ce lieu de l’intime. Il est donc pertinent de mettre l’accent sur les signes qui peuvent alerter et de tout faire pour libérer la parole.

C’est bien de pouvoir rester chez soi mais encore faut-il que ce soit dans de bonnes conditions, sans maltraitances, violences, négligences ou autres drames.

À lire cet ouvrage, on met assurément l’accent sur la bientraitance et sur la protection des personnes vulnérables. La violence entre quatre murs est une réalité et les auteurs de la revue montrent clairement la nécessité de tout faire pour prévenir les risques en se détachant des stéréotypes et pour accompagner au mieux les victimes. Les textes évoluent mais il a fallu attendre la loi n° 2022-140 du 7 février 2022 pour qu’une définition de la maltraitance soit donnée dans le Code de l’action sociale et des familles. Désormais, conformément à l’article L. 119-1, « La maltraitance au sens du présent code vise toute personne en situation de vulnérabilité lorsqu’un geste, une parole, une action ou un défaut d’action compromet ou porte atteinte à son développement, à ses droits, à ses besoins fondamentaux ou à sa santé et que cette atteinte intervient dans une relation de confiance, de dépendance, de soin ou d’accompagnement.

Les situations de maltraitance peuvent être ponctuelles ou durables, intentionnelles ou non. Leur origine peut être individuelle, collective ou institutionnelle. Les violences et les négligences peuvent revêtir des formes multiples et associées au sein de ces situations ».

Dans le prolongement de cette réforme, il est très pertinent que les auteurs du numéro hors-série n° 18 de juin 2022 des ASH aient mis l’accent sur les risques de maltraitance associés au domicile en montrant les dangers encourus par les personnes de tout âge et en insistant sur l’urgence de mieux prendre en compte la fragilité des victimes.