Centre Européen de recherche sur le Risque, le Droit des Accidents Collectifs et des Catastrophes (UR n°3992)

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AUDITION ET DISCERNEMENT DE L’ENFANT DEVANT LE JUGE AUX AFFAIRES FAMILIALES, B. MALLEVAEY (sous la direction), 2018

Blandine Mallevaey (sous la dir. de)

Audition et discernement de l’enfant devant le juge aux affaires familiales, Octobre 2018

55 recommandations pour amĂ©liorer la participation de l’enfant aux dĂ©cisions judiciaires le concernant au sein de sa famille

Recherche réalisée avec le soutien de la Mission de recherche Droit et Justice

 

Par principe, l’enfant mineur, fragile, dĂ©muni et vulnĂ©rable est protĂ©gĂ© par la mise en place d’une incapacitĂ© d’exercice. S’il dĂ©tient des droits, il ne peut pas les exercer lui-mĂȘme et les actes juridiques sont passĂ©s par ses pĂšre ou mĂšre, ses reprĂ©sentants lĂ©gaux. Cette protection est mise en place jusqu’à sa majoritĂ© ou son Ă©mancipation. D’autres formes de protection sont encore organisĂ©es pour veiller au mieux Ă  ses intĂ©rĂȘts. Il en va ainsi s’agissant de sa participation aux dĂ©cisions judiciaires qui le concernent au sein de sa famille. Sa parole est prĂ©cieuse, son avis est pris en compte et ses sentiments pris en considĂ©ration car, depuis la Convention internationale des droits de l’enfant du 20 novembre 1989, il est reconnu comme un sujet de droit Ă  part entiĂšre, loin de l’infans du droit romain qui ne parlait pas. Il faut toutefois l’aider Ă  s’exprimer, l’accompagner, tout en lui expliquant les incidences de sa participation aux procĂ©dures. Il a le droit d’exprimer ses opinions et, en fonction de son Ăąge et de son degrĂ© de maturitĂ©, elles doivent ĂȘtre prises en considĂ©ration. Depuis 2007, la loi prĂ©cise de plus que son audition est de droit toutes les fois qu’il en fait la demande. Pour autant, tous les juges n’accueillent pas les enfants dans leur juridiction de la mĂȘme maniĂšre et ne mettent pas en place les mĂȘmes dispositifs de respect de sa parole.

L’équipe universitaire de la facultĂ© de droit de l’UniversitĂ© catholique de Lille, avec le soutien de la Mission de recherche Droit et Justice, s’est efforcĂ©e de faire un Ă©tat des lieux pour pointer les dysfonctionnements et faire des propositions en vue d’amĂ©liorer la participation des mineurs aux procĂ©dures. 55 recommandations sont formulĂ©es en vue d’une prochaine rĂ©forme. L’ñge de l’enfant Ă©tant l’un des points les plus dĂ©licats, il est proposĂ© de mettre en place une prĂ©somption de discernement Ă  compter de ses dix ans mais aussi de l’informer clairement de ses droits et des diffĂ©rentes possibilitĂ©s qui lui sont offertes. Les auteurs du rapport insistent Ă©galement beaucoup sur le rĂŽle du juge et sur sa pratique d’écoute. Il est prĂ©fĂ©rable que ce soit le juge lui-mĂȘme qui entende les enfants (si tel n’est pas le cas, il faudrait que le juge motive sa dĂ©cision de dĂ©lĂ©gation Ă  un tiers), mais surtout que le juge soit formĂ© Ă  cette Ă©coute, une spĂ©cialisation de certains juges aux affaires familiales pouvant ĂȘtre un atout en ce domaine, de mĂȘme que l’accompagnement systĂ©matique des mineurs par un avocat spĂ©cialisĂ©.

L’enfant fait partie des personnes vulnĂ©rables en raison de son Ăąge mais il ne faudrait pas que sa participation Ă  des procĂ©dures judiciaires vienne encore fragiliser sa situation et renforcer sa vulnĂ©rabilitĂ©. Il doit ĂȘtre mieux accompagnĂ© dans cette Ă©preuve et, comme tous les sujets de droit, se trouver parfaitement informĂ©. 55 recommandations pertinentes sont proposĂ©es pour amĂ©liorer tant l’effectivitĂ© du droit de l’enfant Ă  ĂȘtre entendu que la mise en Ɠuvre de ce droit. L’enfant est au cƓur des rĂ©flexions qui pointent ses fragilitĂ©s, ses attentes particuliĂšres et non celles de sa famille. Il doit faire l’objet de toutes les attentions. A parcourir ce rapport, on se rend compte que malheureusement ce n’est pas toujours le cas !