EDITO : COMBATTRE L’INACTION ! C. Lienhard

Claude Lienhard
Avocat spécialisé dans le droit du dommage corporel
Professeur Emérite des Universités
Directeur honoraire du CERDACC

 

Nous savons que la pollution tue au moins à long terme, ici et ailleurs.

La pollution fait perdre 1,9 année d’espérance de vie dans le monde et, plus précisément en Inde. Si les recommandations de l’OMS étaient suivies, chaque habitant pourrait espérer vivre 4,3 années de plus. En Chine, la législation a permis en trois ans de réduire les émissions et de faire remonter de six mois la longévité de la vie (Les Echos,  21 nov. 2018).

 En mars, l’association Réseau action climat (RAC) rappelait, lors d’une conférence de presse, que la pollution de l’air à Paris réduit l’espérance de vie de ses habitants de 9 à 27 mois.

La France est classée 6ème de l’Union européenne en matière de dépassement des niveaux légaux de pollution de l’air. 48 000 personnes y meurent prématurément chaque année de maladies causées par l’impureté de l’air. Selon une étude menée par Santé publique France, datant de 2016 et relayée par Libération, la pollution est la troisième cause de mortalité en France après le tabac et l’alcool.

 Les trois quarts de la population mondiale, soit 5,5 milliards d’individus, respirent un air non conforme aux préconisations de l’OMS.

Le temps est désormais aux décisions et aux politiques publiques fortes à des fins de transition avec un souci de pédagogie et de lisibilité.

Même s’il faut être attentif aux mouvements sociaux du nouveau monde et à ce qu’ils  signifient, les objectifs nécessitent un fort consensus et les corps intermédiaires doivent y être associés et s’y impliquer, cela vaut aussi pour l’Université et la recherche.

Les enjeux sont connus, les réponses aussi même si elles peuvent et doivent toujours être affinées.

 Les tensions et crises actuelles doivent servir de levier.

Protéger les lanceurs d’alerte !

 Alors qu’on s’interroge, à juste titre, sur la pertinence des actions des agences sanitaires (Eric Favereau « Les agences sanitaires et le syndrome du parapluie », Libération 9 nov. 2018), il nous appartient de soutenir celles et ceux qui font acte de courage et d’implication. N’oublions pas comment fut traitée, y compris judiciairement, il n’y a pas si longtemps le docteur Irène Frachon lors de la publication d’un ouvrage dénonçant le scandale du médiator (Irène Frachon, postface Rony Brauman, Mediator 150 mg : Combien de morts ?, Brest, éd. Dialogues, coll. « Ouvertures », 3 juin 2010)

 Aujourd’hui nous nous devons de soutenir la plume et la parole Emmanuelle Amar, la scientifique lanceuse d’alerte de l’affaire « des bébés sans bras » (Portait, Libération 20 nov. 2018).

 Nous nous devons aussi de soutenir Benoît Gilles, journaliste et rédacteur en chef  du média marseillais (Marsactu (https://marsactu.fr)  qui avait alerté sur l’insalubrité et la dangerosité du 63, rue d’Aubagne à Marseille.

 

Le paradoxe américain

 En Californie, désormais, les assureurs  proposent, à ceux qui peuvent se payer cette garantie, les services de pompiers privés. Et, par ailleurs, depuis 1946, la Californie envoie des prisonniers combattre le feu. Certes ils sont volontaires mais des associations y voient là un travail d’esclaves qu’elles dénoncent.

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