Le programme et modalités d’inscription
Le trauma entretient un rapport complexe avec la créativité, il entrave en effet largement les processus de sublimation et de transitionnalité. Mais la créativité permet cependant de se dégager du trauma par une dynamique de liaison, de figuration, de représentation, qui en constitue une tentative plus ou moins aboutie de son élaboration psychique. Ce mécanisme de dégagement décrit par Bibring en 1943, permet progressivement au sujet de ne plus être envahi par la compulsion répétitive des expériences catastrophiques vécues au travers de l’effroi. Il ne s’agit pas d’un simple mécanisme abréactif, mais d’un geste artistique ou littéraire, d’une démarche scientifique qui engage le sujet aux prises avec le trauma dans un mouvement actif qui le réinstalle dans sa subjectivité. Ainsi nombre d’écrivains, de peintres, de sculpteurs, de photographes ont pu à travers leur création mettre en récits et donner formes à leur expérience traumatique et par là s’en extraire. Mais d’autres peuvent aussi s’enliser dans une expression répétitive de leur vécu traumatique, enfermés alors dans une dimension compulsive qui inhibe chez eux tout mouvement de liaison et de transformation.
Les forces de déliaison et de destructivité engendrées par le trauma peuvent trouver dans l’art une voie salutaire vers la symbolisation, en permettant une véritable reconstruction de la réalité psychique du sujet. L’art-thérapie tout comme les médiations artistiques peuvent alors engager le sujet traumatisé à inventer, bricoler, jouer une expérience impensable, qui va pouvoir s’inscrire dans son histoire singulière. Quand ce processus créatif est spontané, il donne à l’auteur de l’œuvre qui a été réalisée, une reconnaissance par les autres à travers l’écho qu’il
suscite chez eux, tout comme il prend sens dans la relation thérapeutique. La créativité et l’inventivité sont aussi mobilisées chez le clinicien qui prend en soins les personnes confrontées au trauma, Ferenczi, Winnicott ou Bion ont entre autres ouvert cette voie, bien nécessaire au thérapeute, pour ne pas être entrainé vers l’impuissance ou la fascination qu’instaure le trauma.
Nous tenterons au cours de cette journée à travers les différents exposés, d’explorer ce lien qui apparaît au départ antinomique entre trauma et créativité, cela à travers les œuvres de certains artistes et écrivains, tout comme à
partir de différents dispositifs de soins.