Centre Européen de recherche sur le Risque, le Droit des Accidents Collectifs et des Catastrophes (UR n°3992)

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EXISTER PAR ECRIT, ESSAI SUR L’IDENTIFICATION EN CULTURE DE L’ECRIT, C. DARDY, L’Harmattan, 2018

Claudine Dardy

Exister par écrit
Essai sur l’identification en culture de l’écrit
L’Harmattan 2018

 

Quand une sociologue s’intéresse aux écrits juridiques, elle nous propose un essai fort intéressant qui analyse et décrypte notre système d’état civil. Il s’agit d’une forme d’écriture officielle mais qui touche les personnes et les familles dans ce qu’elles ont de plus essentiel. Les documents enregistrés par les mairies reproduisent la vie humaine de la naissance à la mort. Cette écriture officielle conduit à une traçabilité personnelle qui assure la transparence des liens biologiques, sociaux et juridiques, hormis pour les situations dans lesquelles diverses formes d’anonymat sont admises (accouchement sous le secret, dons de gamètes…). Ces écrits officiels sont sources de droit et ils participent à la protection de la personne, l’inscrivant aussi dans sa famille, retranscrivant les histoires personnelles et familiales. L’état civil offre ainsi à chacun la garantie d’exister… par écrit mais l’auteur, Claudine Dardy, pointe aussi quelques « états incivils » qui lui permettent d’aborder des questions délicates liées à des abandons d’enfant, des renonciations d’établissement de filiation, des cadavres dont l’identité n’est pas connue ou encore les troubles de la mémoire et le grand âge. Vie et mort transcendent cet ouvrage. Il s’agit de thématiques communes aux juristes et aux sociologues mais qui surtout nous concernent tous pour nous-mêmes et nos proches. La notion d’identité ou d’identification est aussi au cœur de cet essai qui fait état d’une confusion regrettable entre traçabilité des personnes et identification, ce qui permet de se demander avec l’auteur ce que doit recouvrir exactement l’officialité de ces écrits enregistrés, conçue comme garantie d’État. L’état civil socialise en quelque sorte les événements de la vie privée mais toute la question est de savoir s’il faut mettre des limites à la transparence.