B. GIRY, « SOCIOLOGIE DES CATASTROPHES », ED. LA DECOUVERTE, 2023

Benoit GIRY, Sociologie des catastrophes, collection Repères sociologie Ed. La Découverte 2023

B. Giry débute son ouvrage en donnant une série de définitions qui permet de cerner au mieux le sujet et d’éclairer ensuite son propos. Il reprend à son compte la définition du mot « catastrophe » énoncée par le sociologue américain Fritz, tout en reconnaissant qu’elle n’est pas unanimement partagée par tous les chercheurs. Il s’agit « un événement, limité dans le temps et dans l’espace, au cours duquel une société, ou une subdivision relativement autonome d’une société, encourt un grave danger et subit de telles pertes pour ses membres et son patrimoine matériel que la structure sociale est perturbée et que l’accomplissement de tout ou partie de ses fonctions essentielles est empêché » [Fritz, 1961, p. 655]. Ensuite, il poursuit son propos en analysant l’agent comme une force qui s’exerce sur un territoire afin de montrer qu’elle ne devient une catastrophe que lorsqu’elle rencontre une vulnérabilité sociale, politique, économique ou institutionnelle.

On aurait pu s’attendre à ce que l’auteur nous explique que le nombre de catastrophes est aujourd’hui croissant, sous l’effet notamment du changement climatique, mais non, il n’en est rien. L’auteur appuie son propos sur les statistiques disponibles pour montrer que si entre 1960 et 2000 les catastrophes se sont multipliées par 20, aujourd’hui leur nombre est stable. 

Cet ouvrage montre, notamment, qu’il existe une sorte de hiérarchie des catastrophes, elles ne sont pas toutes traitées de la même manière. Ainsi, certaines catastrophes sont ignorées par les médias. Le nombre de morts et de destructions ne suffit pas toujours à expliquer cette inégalité de traitement. C’est parfois les contextes économique ou politique du lieu dans lequel survient la catastrophe qui expliquent le silence sur l’arrivée d’une catastrophe. Ainsi les régimes autoritaires étouffent-ils ou dissimulent-ils la survenue d’une catastrophe.  A l’inverse, la présence de touristes internationaux parmi les victimes du Tsunamie de 2004 explique certainement la surmédiatisation de cette catastrophe.

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