EDITO : AU REVOIR MADAME LE PROFESSEUR LAMBERT-FAIVRE, C. Lienhard

Claude Lienhard

Avocat spécialisé en droit du dommage corporel
Professeur Emérite à l’Université de Haute-Alsace
Directeur honoraire du CERDACC

C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris le décès d’Yvonne Lambert-Faivre dans sa 90ème année.

Qu’il nous soit permis de rappeler son engagement plein d’humanité et de rigueur au service de la construction d’un droit du dommage corporel avec des fondements scientifiques et un souci de pragmatisme et d’effectivité.

Pendant près de douze ans j’ai eu le privilège d’être directeur d’une belle session de formation continue à l’ENM consacrée à la réparation du dommage corporel avec une semaine complète dédiée à ce thème dans une approche pluridisciplinaire.

Madame Lambert-Faivre, à chaque fois présente en dernière journée avec la prestance et la précision chirurgicale de ses analyses, venait tracer les voies de réflexions en n’éludant aucune difficulté ni objection de sorte que les magistrats présents, et sur la durée ils furent des centaines, disposent de tous les outils techniques mais également de cette culture si particulière qui doit imprégner celles et ceux qui ont pour mission de réparer toujours intégralement.

De tout cela nous sommes redevables à jamais.

Qu’il nous soit permis de citer la conclusion d’un  de ses articles fondamentaux parmi tant d’autres :

L’éthique de la responsabilité– Yvonne Lambert-Faivre – RTD civ. 1998. 1

L’exigence éthique est multiforme dans la responsabilité civile ; notre droit positif y est conforme dans la plupart de ses règles fondamentales. Cette analyse soulève cependant un certain nombre de problèmes mal résolus qu’il appartient à la doctrine de dénoncer, et si faire se peut à la jurisprudence de rectifier. En effet, l’édifice imposant que représente notre droit de la responsabilité civile est pour l’essentiel jurisprudentiel, ce qui lui confère une faculté d’adaptation que la loi, lente dans son élaboration et brutale dans sa mise en oeuvre, ne possède pas. Mais de toutes façons, jurisprudentielle ou légale, il est certain que l’évolution de la responsabilité civile ne sera juste que si elle est inspirée par l’éthique, que d’aucuns appellent la morale.

De cela tous celles et ceux qui œuvrent dans le domaine du dommage corporel restent comptables.

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