Giovanni Prete,
Maître de conférences en sociologie, Université Sorbonne Paris Nord, IRIS
En France, les effets des pesticides sur la santé de la population générale ou sur l’environnement sont un objet de controverses depuis de très nombreuses années. Cependant, la question de leurs effets sur la santé des travailleurs n’a fait l’objet de mobilisations sociales et politiques importantes que depuis une quinzaine d’années. En m’appuyant sur plusieurs enquêtes collectives, j’évoquerai les différents facteurs sociaux qui ont permis la constitution de cet enjeu comme problème social. J’insisterai en particulier sur le rôle des mouvements sociaux qui se sont saisis de cette question quelque peu délaissée par les organisations syndicales en charge de représenter les intérêts des travailleurs agricoles. Si ces mouvements ont contribué au renforcement ou à la création de dispositifs institutionnels visant à mieux prévenir ou réparer les effets des pesticides sur la santé des travailleurs, j’insisterai cependant sur certaines limites de ces dispositifs et, plus généralement, sur la fragilité de la politisation des pesticides comme risque du travail.