Claude Lienhard
Avocat spécialisé en droit du dommage corporel Professeur émérite à l’Université de Haute-Alsace Directeur honoraire du CERDACCTant a été dit et il n’y aurait rien à rajouter aux hommages. Et pourtant ! Avocat, Professeur agrégé, Garde des sceaux, Président du Conseil Constitutionnel, Robert Badinter fut tout cela avec constance, courage et humanité.
Mais au-delà, pour beaucoup, il restera aussi l’artisan inlassable, volontaire et audacieux du droit des victimes et l’initiateur du mouvement français d’aide aux victimes. J’ai eu l’immense privilège, avec bien d’autres aventuriers en ces temps-là, dans les années après 1981, alors jeune avocat et jeune universitaire, d’avoir pu cheminer à ses côtés comme compagnons de route à l’égal des compagnons du devoir.
Notre ambition était la bientraitance des victimes d’infractions et la reconnaissance
effectives de leurs droits.
Du côté du droit des victimes nul besoin de droit d’inventaire
L’héritage est in bonis. Largement !
On ne dira jamais assez combien les victimes de toutes les délinquances et de toutes les violences doivent à la conviction de justice de Robert Badinter.
Les victimes méritent aide et solidarité et il leur est dû réparation et juste indemnisation.
Il n’y a pas une loi Badinter mais des lois Badinter qui sont la traduction concrète de ces objectifs.
Bien sûr, la loi du 5 juillet 1985 concernant victimes d’accidents de la circulation dont le caractère novateur et pragmatique reste éclatant.
De même, le dispositif relatif à l’indemnisation des victimes d’attentat de la loi du 8 juillet 1983 a été un geste précurseur.
Enfin, les premières subventions en 1986 aux associations d’aides aux victimes et la création l’institut national d’aide aux victimes et de médiation (Inavem), dont nous avons eu l’honneur d’être le président fondateur, fut le creuset et la matrice de France Victimes.
La victimologie française est redevable à Robert Badinter de son rayonnement. Il va nous falloir, désormais orphelins, être dignes de cet engagement sans faille et surtout veiller à ne jamais y manquer.