Centre Européen de recherche sur le Risque, le Droit des Accidents Collectifs et des Catastrophes (UR n°3992)

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AU COEUR DU HACKATHON « GESTION DE CRISE », C. Marson et P. Batany

Cécile Marson et Patrice Batany : rédacteurs

Christelle Thouvenot, Christophe Talmet, Fabien Valente, Hélène Perret, Ismaël Berkoun, Stéphane Lecomte, Thierry Balais et Noémie Brocas : relecteurs / correcteurs.

par l’équipe de conseillères et de conseillers techniques nationaux opérationnels de la Croix-Rouge française

 

La crise sanitaire que nous traversons depuis le premier trimestre 2020 présente toutes les caractéristiques inhérentes à ces situations hors normes : une apparition brutale, un niveau de risque majeur pour le fonctionnement de la société, un degré d’incertitude au démarrage du phénomène important, un nombre de personnes potentiellement impactées conséquent. Une gestion de crise la plus efficace possible devient dès lors, un enjeu majeur afin de permettre une résilience la plus rapide possible. Dans ce contexte, l’organisation d’un hackathon virtuel autour de cette thématique intervient à point nommé pour reposer les bases d’une réflexion globale, sous de nouveaux angles d’approche.

Un hackathon, qu’est-ce que c’est ?

Un hackathon est un évènement durant lequel des groupes se réunissent sur un laps de temps défini afin de travailler de manière collaborative sur des thématiques diverses. C’est avant tout un processus de création, principalement orienté vers les solutions digitales, comme la conception ou l’amélioration d’applications ou de solutions informatiques innovantes. À l’initiative de l’École Nationale Supérieure des Officiers Sapeurs Pompiers (ENSOSP) et de l’Université de Technologie de Troyes, en partenariat avec DAWO et soutenu par le CERDACC, différentes équipes se sont réunies, de manière virtuelle, du 26 au 28 mars 2021, afin de travailler sur la thématique : « Dans la peau d’un acteur de la gestion de crise ». Il était ainsi proposé aux participants d’enrichir la démarche d’innovation de la Sécurité Civile en proposant de nouveaux produits, outils, services et usages et s’inscrivant dans l’une des quatre thématiques proposées : économie, politique, secours ou citoyen.

Que fait une équipe de la Croix-Rouge dans un hackathon ?

Actrice historique de la gestion de crise, la Croix-Rouge française (CRf) s’est investie dans cet hackathon sur 2 fronts : le premier, en tant que partenaire de l’événement et le deuxième, en tant que participant, au travers d’une équipe de Conseillers.ères  Techniques Nationaux Opérationnels (CTNO). Celle-ci s’est très rapidement orientée sur la thématique du citoyen, afin de sortir de sa zone de confort inhérente au profil plutôt secouriste et responsable d’activité de l’urgence au sein de la Croix-Rouge française.

Un objectif : favoriser la mobilisation de la population

Face à la crise, il arrive que les moyens conventionnels (services de l’État, collectivités, Associations Agrées de Sécurité Civile (AASC), …) soient dépassés, en raison de l’ampleur du phénomène et/ou de sa durée. Le recours à des compétences externes à ces institutions incontournables devient dès lors une possibilité, telle que le prévoit la loi de modernisation de la Sécurité Civile de 2004.

La mise en place de réserves communales a été une tentative d’implication des citoyens dans les situations d’urgence, sans pour autant être homogène sur le territoire. La difficulté à sensibiliser les citoyens, à les solliciter, à les manager a souvent découragé  les collectivités d’approfondir le dispositif, faute de cadre précis et d’aide pour en établir un.

A contrario, le cadre proposé par les AASC, par exemple, peut s’avérer être trop lourd pour des personnes vivant au quotidien avec des règles imposées par une vie en société de plus en plus contraignante, et ne souhaitant pas en retrouver dans une activité bénévole (formations obligatoires, engagements nombreux sur le temps libre, hiérarchie, …). La question se pose donc de la mobilisation d’une population, pas forcément prête à s’engager dans des structures cadrées sur du moyen ou du long terme, mais pour autant disposée à se mettre ponctuellement au service de la société en cas de besoin. Comment mobiliser ces compétences qui ne sont pas identifiées, et qui pourtant représente un réservoir immense en cas de crise ?

48 heures pour développer une solution

Cet état des lieux sur la thématique du citoyen a été le point de départ du week-end pour la mise en place des travaux de l’équipe de la CRf. La logique voulue par les organisateurs, à savoir de permettre une progression structurée des réflexions, a permis un fonctionnement en « équipes-relais » qui se sont passées les informations pendant 48 heures, appuyées en cela par des mentors et des facilitateurs à même de les aider à poser leurs idées et à les développer. Les outils informatiques, comme l’application KLAXOON, ont de leur côté permis d’organiser ces idées et de permettre cette suite logique d’étapes devant amener chaque équipe à présenter le concept imaginé au travers d’un pitch de cinq minutes devant un jury pluridisciplinaire.

Un nouvel outil pour (mieux) mobiliser la population

De par la nature même de l’événement, les réflexions de l’équipe CTNO se sont orientées vers la création d’une application permettant l’identification de citoyens disponibles en cas de crise, ou plus exactement l’identification des compétences mobilisables en cas de crise.

Cette application ne se veut pas restrictive, dans le sens où toute personne ayant des compétences à proposer, mineurs y compris, peut les saisir sur l’application, de même qu’une localisation et des disponibilités. Ce sont les besoins en compétences au moment des crises qui déclenchent les sollicitations des personnes inscrites, par les acteurs institutionnels. Pour autant, il est nécessaire de maintenir un lien avec les contributeurs, en leur proposant des informations via l’application, ainsi que des moyens pédagogiques leur permettant de développer leur culture du risque.

Ce concept, présenté sous forme d’un pitch racontant l’utilisation de l’application par un père et sa fille lycéenne, a convaincu les membres du jury qui lui ont attribué le premier prix ainsi que le prix coup de cœur du jury. Cette reconnaissance est la première étape d’un projet qui va maintenant prendre corps au fil des mois, en collaboration avec DAWO, et avec le soutien technique de l’ENSOSP, afin que le projet voie le jour et trouve sa place dans le panorama des outils de gestion de crise.