JOURNÉE SCIENTIFIQUE DE L’ALFEST « LIMITES DU TRAUMA ET TRAUMA SANS LIMITES », Paris, 8 décembre 2022

LE PROGRAMME

Pour en savoir plus le site de l’alfest


• Depuis longtemps, peut-être depuis toujours, on ne parlait guère de ce qu’on subissait ; certaines situations terribles comme l’inceste ou le viol, suscitaient même honte et réprobation. Subir une mauvaise fortune n’était pas louable ; comme l’illustre le livre de Job, une croyance répandue, celle de la rétribution, voulait que le malheur vienne en punition des fautes commises. Eschyle n’incitait pas le lecteur à compatir au sort qui s’acharne sur Œdipe poursuivi par la destinée.
• Mais de nos jours, on entend couramment : « Je suis choqué ! …La population est en état de choc en apprenant la nouvelle… C’est un véritable traumatisme…Je suis une victime… ». A l’époque de @metoo, en quelques années, ces expressions se sont imposées dans le grand public. Il n’est pas rare que la presse s’en fasse l’écho, donnant la parole aux victimes, montrant leur visage, relatant ce qui leur est arrivé et décrivant les combats qu’ils doivent mener pour survivre à ce
qu’ils traversent…
• Dans le même mouvement, le traumatisme psychique, à la suite des troubles présentés par les vétérans du Vietnam, est sorti de l’ombre où le tenait le monde scientifique, malgré de nombreux travaux pionniers. Les travaux et publications
relatives au traumatisme psychique se sont multipliés, montrant un réel intérêt des cliniciens et des chercheurs pour cette notion.
• Une large diffusion, une vulgarisation, de multiples productions dans le domaine du trauma ont pu donner dans le grand public une impression de facilité, voire de familiarité avec ce concept, au risque de sa dilution et d’une perte de son sens et
de sa consistance.
• Très souvent évoqué pour caractériser l’impact que vont avoir certains événements ou situations de nature différentes, le traumatisme psychique est aujourd’hui utilisé pour rendre compte de symptômes et de comportements extrêmement variés.
L’American Psychiatric Association avec le DSM a largement diffusé l’Etat de Stress Post-Traumatique, en 1978, la névrose traumatique disparait à son profit dans le DSM-III, qui le range dans le groupe des troubles anxieux. La nosographie des
DSM assimile le traumatisme à une forme extrême de stress, créant une confusion notable entre ces deux notions qui relèvent de mécanismes de nature différente, bien qu’ils puissent tous les deux s’observer chez les personnes confrontées à
un événement violent. Puis dans le DSM-V sous la rubrique des Troubles liés à des traumatismes ou à des facteurs de stress, le trouble de stress post-traumatique répond aux modalités d’exposition qui semblent relever de registres différents,
allant d’une confrontation directe ou comme témoin, à un ou plusieurs événements violents jusqu’à l’annonce concernant un proche. Cette dernière situation apparaît pourtant d’un autre registre sur le plan des mécanismes psychiques qui y sont en
jeu.
• Le grand public, le psychologue, le psychiatre, le magistrat, le sociologue, le journaliste parlent-t-ils du même trauma, ou derrière ce mot se cache-t-il de nombreux désaccords ?
• Nous voulons lors de cette journée interroger et questionner les limites actuelles du trauma, cela dans une approche résolument ouverte et multidisciplinaire.
Jean-Michel Coq & Gilbert Vila

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