Centre Européen de recherche sur le Risque, le Droit des Accidents Collectifs et des Catastrophes (UR n°3992)

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ÉDITO : LES PAROLES DES VICTIMES, C. Lienhard

Claude Lienhard

Avocat spécialisé en droit du dommage corporel,

Professeur Émérite à l’Université Haute-Alsace,

Directeur honoraire du CERDACC

Les paroles des victimes sont désormais audibles partout.

Elles ont trouvé leur place dans l’enceinte judiciaire et dans les espaces médiatiques.

Pour autant, toutes ces paroles ne sont pas semblables.

Il y a des paroles authentiques. Ces paroles ont aujourd’hui acquis droit de cité dans l’espace judiciaire et encore de façon plus visible et tangible dans les procès « hors normes » liés à des événements qui sont inscrits dans notre mémoire collective.

L’actualité en donne deux exemples, que chacun a à l’esprit, c’est d’une part, l’audition des parties civiles dans le procès de l’attentat de Nice devant la Cour d’Assises spéciale de Paris et, d’autre part, l’accident de car scolaire de Millas jugé par le tribunal correctionnel de Marseille.

Les témoignages des survivants et des proches ont été très largement relayés par tous les médias.

Toutes ces paroles permettent d’approcher l’effroi, les souffrances, les béances, les révoltes et colères, mais aussi les exceptionnelles dignités et l’irrépressible et juste besoin de la vérité.

Mais il y a aussi des paroles usurpées, manipulées, détournées et récupérées.

Le meurtre de Lola a donné lieu, à l’ère du règne des réseaux sociaux, à des récupérations nombreuses, sordides et indignes.
Même si chacun s’accorde à estimer que la vérité devra être faite sur les carences et dysfonctionnements possibles de l’État.

On ne peut que saluer, là encore, la dignité de la famille qui ne s’est exprimée que par la parole déléguée au maire de la commune où ils se sont réfugiés à l’abri des déferlantes médiatiques et par communiqué publié par leur avocat.

Pour ce qui est de l’évolution processuelle du « procès pénal » il y aura lieu, le moment venu, de faire le bilan, à notre sens très positif, de cette place caractérisée et scénarisée des victimes, en rappelant que le souci d’équilibre qui doit nécessairement animer tous les acteurs du procès pénal ne doit pas être négligé.