Claude Lienhard
Avocat spécialisé en droit du dommage corporel
Professeur Emérite à l’Université de Haute-Alsace
Directeur honoraire du CERDACC
Nous voilà donc dans le monde d’après.
En convalescence.
Pas encore en pleine résilience.
Pas encore dans un monde apaisé.
La vigilance reste plus que jamais de mise au niveau mondial, la circulation du Coronavirus n’a jamais été forte. Et des voix se font entendre pour redoubler de prudence.
Dans notre quotidien la grande question, au-delà des nécessaires distances à respecter et à maintenir, est celle de la « présence ».
Etre en présence de l’autre, être en présence des autres.
Pour l’Avocat, cet autre c’est d’abord le Juge, c’est le justiciable aussi et c’est encore son nécessaire contradicteur.
Pour le Professeur, ces autres se sont les étudiants, d’abord.
Aussi bien dans le prétoire que dans l’amphithéâtre il s’agit de partager, de convaincre, de transmettre par des mots, par des regards, par des attitudes, et par des postures.
Tout se joue dans l’éphémère de ces instants partagés.
Certains technocrates, certains bureaucrates adeptes d’un « new age » qui serait l’avènement des algorithmes, des datas, des robots sous prétexte d’une dictature sanitaire, préconisent à tous crins l’abstinence des autres.
Le 3 octobre 1979, le même jour, j’ai eu le privilège d’accéder au monde de la Toge et de la Robe en terre colmarienne.
En ce temps-là on enseignait, en ce temps-là on plaidait.
C’est cela la culture judiciaire et la culture universitaire.
L’une et l’autre s’entretiennent d’ailleurs pour peu qu’on les cultive avec passion.
Ces cultures doivent être préservées.
Elles sont fondamentales.
Certes, elles peuvent être adaptées mais sans radicalité.
L’essence de la proximité, de la présence conditionne la proximité intellectuelle et scientifique.
L’été est là.
Reposons-nous.
Prudence encore.
Il faudra de la force pour résister et surtout pour repartir de l’avant avec les autres in vivo.