Nos sociétés sont de plus en plus exposées aux risques, quelle que soit leur nature, les citoyens acceptant de moins en moins d’y être exposés, exigeant des actions mais aussi des réactions des pouvoirs publics et in fine l’adoption de règles de droit nouvelles ou l’adaptation des règles de droit existantes. Lorsque le risque se réalise, chaque personne réagit à sa façon mais toutes doivent enclencher un travail de résilience[1] leur permettant ainsi de dépasser l’événement traumatique et donc de le surmonter pour pouvoir à nouveau vivre et pas seulement survivre. Si la résilience est une notion chère aux domaines médico-social et psychologique, elle a aussi pris place en droit puisque derrière un événement traumatique se trouve un être humain détenteur de droits. Or, la résilience concerne-t-elle seulement ce dernier ou peut-elle être appliquée au-delà de l’humain et particulièrement à l’égard des territoires[2] sur lesquels le risque se concrétise ? Les territoires peuvent-ils ainsi faire œuvre de résilience particulièrement à l’égard des risques naturels auxquels ils sont exposés ? Une réponse positive et argumentée nous est donnée par un ouvrage paru aux Editions Mare&Martin en 2023 sous la direction de François Cafarelli intitulé « La résilience des territoires exposés aux risques naturels »[3].
La première partie intitulée « Résilience des territoires et prévention des risques naturels », permet d’aborder non seulement l’adaptation du territoire aux risques naturels mais aussi l’adaptation des normes aux risques naturels. La seconde partie a pour titre « Résilience des territoires et réalisation des risques naturels », y sont traités, tour à tour, le thème de la coordination des acteurs et des actions de gestion des catastrophes naturelles puis celui du renouvellement des outils de gestion de ces dernières. La troisième partie nommée « Résilience des territoires et assimilation des risques naturels » envisage la réparation des territoires puis la préparation de ceux-ci aux catastrophes naturelles à venir. La lecture des 402 pages de cet ouvrage collectif est très instructive tant on ne peut réfléchir sur le risque et sur sa réalisation sans prendre en compte la dimension territoriale qui le caractérise.
[1] « c’est à la fois la résistance à la destruction et la construction d’une existence valant d’être vécue », La résilience, Un regard qui fait vivre, Michel Manciaux, Études 2001/10 (Tome 395), pages 321 à 330.
[2] L’usage du pluriel s’impose. Pourtant, certains juristes estime que « le risque détruit le territoire » (Jean-Marie Pontier, Quels territoires pertinents pour la prévention des risques ?, in La décentralisation de l’environnement, territoires et gouvernance, PUAM 2006, p. 171 et s.). Pour certains, il faudrait aboutir à une déterritorialisation du risque, c’est-à-dire « laisser au phénomène naturel sa pleine expression sans l’enfermer au préalable » (Philippe Billet, La zone inondable : essai de typologie des zones soumises au risque « inondation » Géocarrefour, 2000, p. 245 à 254, Jean-Marie Pontier, op. cit.).
[3] Actes du colloque organisé les 7 et 8 décembre 2021 par l’Ecole de droit de l’Université Clermont-Auvergne sous la direction de François Cafarelli.