Cet ouvrage s’inscrit dans une réflexion critique autour de l’expression de « transition énergétique ». Ces mots apparaissent comme une évidence au point d’être présentés comme un impératif et une injonction des politiques publiques nationales et internationales à l’égard des citoyens. Le livre se propose d’analyser les territoires de la production énergétique au croisement de différentes échelles d’analyse : celle micro des dynamiques sociales autour des sites de production d’énergie et des mobilisations citoyennes soutenant cette production ou s’y opposant ; celle méso de la territorialisation et de la régionalisation de l’action publique concernant les choix énergiques ; celle macro, des enjeux économiques et diplomatiques enserrant ces choix.
Les enquêtes socio-historiques menées dans différents contextes locaux en Italie et en France motivent la comparaison entre ces deux pays de la Méditerranée, contrastés en termes de mix énergétique et de dynamiques de choix : avec un nucléaire en déconstruction en Italie et toujours dominant dans la production électrique française ; avec des développements d’énergies renouvelables plus avancés en Italie qu’en France ; et avec des difficultés semblables pour se défaire du pétrole et du gaz. Dans les deux cas, les processus territoriaux de transition énergétique interrogent les choix des politiques publiques oscillant entre la décentralisation régionale et la tentation constante de recentralisation étatique.
L’ouvrage s’organise autour de trois parties thématiques :
- La première traite des enjeux autour de la localisation des installations énergétiques du nucléaire et des EnR sur le territoire. Dans les différentes contributions, il est donc question d’analyser, selon les groupes sociaux en présence et les moments historiques, comment l’accueil d’un projet énergétique sur un territoire a été recherché ou subi, soutenu ou refusé.
- La deuxième partie porte davantage sur comment, en même temps, les travailleurs et les populations locales vivent avec les installations et projettent les vocations de ces mêmes territoires avec ou sans la production énergétique.
- La troisième partie se penche enfin sur comment, dans des périodes comprises entre les années 1970 et 2010, des acteurs à la fois locaux et des acteurs peu territorialisés dans leurs revendications contribuent à infléchir des décisions sur le futur des installations énergétiques par des actions et des dispositifs de mobilisation et de conflit, ainsi que par leur participation à des instances.